Hwang Alexey ft. Lee Jun Ki - First Snow

Vous pouvez naître au sein de la même famille, partager les mêmes jouets que votre frère, avoir un père et une mère, mais il se peut que rien de tout cela ne vous rend heureux. Il se peut même que vous deveniez celui qu’on a souhaité jamais ne voir réussir, accumulé les échecs pour le bien de celui qui a toujours partagé ces mêmes parents que vous possédez. Vous vous demandez alors ce que vous aviez pu faire pour autant blesser ces personnes qui ne vous portent pas dans leurs cœurs. Pourquoi et comment ? Quand est ce que cela a-t-il pu arriver, pour que tout le bonheur que vous aviez vécu jusqu’à présent change du jour au lendemain ? Vous avez beau vous poser la question, beau demander à votre entourage, la même réponse résonne dans votre esprit : celui du silence et de l’ignorance. Mais cela a changé. Vous avez décidez de prendre votre vie en main et de faire en sorte que ces personnes viennent un jour, ramper à vos pieds.

Je m’appelle Alexey Hwang et je suis né sur ce qui était anciennement la Russie, d’un père d’origine coréenne et d’une mère originaire de Russie. J’ai toujours été intrigué par ma double nationalité, me demandant comment se fait-il que je sois différent de mon cadet. Les traits, le physique, les cheveux, le prénom et j’en passe. Tant de différences qui pourtant nous lient à cette famille que nous partageons. Lui et moi avons seulement trois années d’écart, mais il faut croire que ce chiffre aussi minime soit-il, a pourtant réussi à affecter ma belle-mère qui n’arrive toujours pas à s’en remettre. À présent vous saisissez, lui et moi ne partageons pas la même mère mais le même père. Je suis le premier enfant de ce vieil homme qu’il a eu avec cette femme faisant les trottoirs à Moscou, alors qu’il voyageait pour son prochain livre. Comment peut-on être aussi stupide pour le faire avec une prostituée et sans capote. Complètement irresponsable et si puéril.

Cette femme m’a donné naissance alors que mon père quant à lui, était retourné en Corée du Sud après son voyage, ignorant par la suite qu’il aurait un enfant bien qu’il s’en doutait un peu. Mais qu’importe, de toute évidence il ne s’agissait pas là de son épouse, simplement une aventure le temps de panser ses blessures, et puis, si cela s’apprenait, son image en tant que grand écrivain en pâtirait. La vérité étant qu’à cette époque, ce vieil homme marié à la femme avec laquelle il vit actuellement, ne parvenait à procréer et lui assurer une descendance, au point qu’il tomba en dépression et s’en était allé voir ailleurs. Un acte auquel il n’a réfléchit à deux fois, bien trop peiné par cette fâcheuse nouvelle. Le mal étant fait, il se sentit plus tard coupable après acte, observant combien la femme qu’il avait épousé, tenté de lui remonter le moral, chaque jour, en s’assurant de continuer à prendre soin de lui et l’aimer malgré le calvaire qu’il lui faisait subir. Afin que rien de toute cette histoire ne se sache, il avait employé un détective privé dans le but de retrouver cette femme faisant les trottoirs à Moscou afin qu’il puisse dans un premier temps découvrir s’il avait bel et bien eu un enfant avec elle, et si cela s’avérait vrai, lui remettre alors une certaine grosse somme d’argent pour qu’elle puisse élever ce bébé que j’étais, dans les meilleures conditions que possible, malgré l’absence du père. Chose qui ne fut acceptée de sa part puisqu’elle avait bien longtemps de cela découvert l’identité de l’homme avec qui elle avait partagé sa couche pour quelques roubles russe. La carte de visite de cet homme lui avait filé entre les doigts, alors elle demanda en échange de son silence qu’il puisse m’élever et m’aimer comme si j’avais toujours été son propre fils. Cependant bien qu’il savait qu’il attirerait la colère de son épouse, il ne pouvait refuser et avait donc accepté sa demande afin que ce secret puisse une fois pour toute être enterré à jamais.

Je grandis donc au sein de la famille Hwang, portant le nom de mon père mais gardant le prénom donné par ma mère biologique. Cela avait été le marché conclu entre ma belle-mère et son époux, afin, selon elle, de souligner et me faire rappeler mon appartenance à une autre famille que la sienne. Petit, jamais je n’avais compris pourquoi tant de haine m’était voué alors que j’avais toujours fait en sorte de ne jamais la décevoir. « Alexey, viens par là mon enfant. » Ce vieil homme m’avait fait signe de venir le rejoindre sur ses genoux tandis que je voyais cette femme fondre de chagrin sur son lit après m’avoir violemment giflé. Nulle larme n’avait coulé sur mes joues, je me souviens que mon cœur était si attristé par son visage noyé d’eau, qu’il m’était impossible de pleurer. « Jamais ne la met en colère tu m’entends. Ne fait rien qui puisse mettre en colère ta mère parce que cela la rendrait si triste, qu’elle pourrait mourir de chagrin mon petit. Tu as compris ? » Un simple hochement de tête en guise de réponse à ses foutaises que j’ignorais à cette époque. Ce fut trois années plus tard, après que j’ai rejoint la famille Hwang, qu’un petit être fit son apparition à la maison. Un beau bébé aux yeux bridés, en bonne santé, qui avait reçu tout l’amour que je n’avais reçu. Il était sa fierté, le plus beau cadeau que l’on avait pu lui offrir après ses trois années d’essais.

Premier flashback des deux frères :

Je me souviens un jour alors que j’en avais huit et lui six, il avait soudainement l’envie de quelque chose de sucré qui faille suffisamment satisfaire sa gourmandise, quelque chose comme de la glace. Bien qu’il m’ait été interdit de me servir à mon aise par cette femme, je décidais d’aller en acheter par moi-même pour lui faire plaisir. Il avait cependant tant insisté pour m’accompagner que j’aie finalement cédé et l’avais emmené avec moi. Nous nous donnions la main afin que nous nous ne perdions pas de vue. Mission accomplie, nous nous sommes installés dans le parc à côté afin de déguster notre sucrerie. « Grand frère, pourquoi maman pleure toujours à cause de toi ? » Un silence avait perduré dans les secondes qui suivent, et avant qu’elles ne se transforment en une minute, je me décidais à ouvrir la bouche avant d’afficher un petit sourire. « Je suis méchant n’est ce pas ? Jamais ne fait pleurer maman d’accord ? Sois toujours gentil avec elle et assure-toi qu’elle soit toujours heureuse. Je ne suis pas un exemple à suivre. » À peine avions nous terminé que d’autres enfants avec qui je ne m’entendais pas à l’école étaient venus se venger. « Arrêtez ! Ne tapez pas mon grand frère ou je vais le dire à maman ! » Avait-il hurlé le visage imbibé de larmes pendant qu’ils me tabassaient à coups de pied, avant de se retourner contre lui sachant à présent qu’il était mon cadet. « Mon fils, que t’est-il arrivé ? D’où viennent tous ces bleus ? » À peine avait-elle cherché plus loin qu’elle me giflait avec force, me faisant automatiquement tombé à la renverse. « C’est toi n’est ce pas ! C’est toi qui as fait ça à mon fils espèce de monstre ! » J’avais fait la promesse de ne jamais la mettre en colère, et même si de toute évidence je lui avais confié la vérité, elle ne m’aurait pas cru et aurait fait en sorte de mettre la faute sur moi. Qu’importe, j’allais encaisser et me contenter de ne rien dire, jusqu’au jour où je ne parviendrai plus à me retenir.

Deuxième flashback des deux frères :

Cette fois-ci nous avions dix-huit et seize à ce moment là, lorsque celui que je considérais comme mon frère de sang, le seul en qui j’avais confiance depuis le début, que je chérissais plus que quiconque, m’avait trahi. « Depuis combien de temps est ce que tu fais ça ? Maman le sait au moins ? » Je fixais sa ma main tenant fermement les quelques billets verts qu’il avait dérobé du portefeuille à cette femme. « Ça ne te regarde pas. Fait comme si tu n’as rien vu ok ? » Il se fichait complètement de mes paroles et était passé à ma hauteur pour sortir de la demeure. « Elle finira par s’en rendre compte, alors repose ça et arrête. » Lui avais-je dis tout en déposant ma main sur son épaule pour l’empêcher d’aller plus loin. « Qu’est ce que ça peut faire, puisque de toute façon c’est toi qu’elle accusera. » Un silence s’était installé pendant que mes yeux s’étaient arrondis sur mon visage figé par les paroles de mon frère. Avais-je bien entendu ce qu’il venait de me dire ? Peut être avais-je mal entendu, ou alors peut être m’avait-il dit cela dans le simple but de m’empêcher de le retenir sans n’avoir d’arrière pensée comme celle-ci. Oui ce devait être cela. « Quand vas-tu enfin saisir que tu n’es pas chez toi ici. Barre-toi. »


"L'autonomie et l'indépendance peuvent se transformer en égoïsme et en licence, l'ambition en cupidité, un désir effréné de réussir à tout prix."


Cela fait maintenant trois ans que j’ai quitté le domicile familial malgré les dires de ce vieil homme, faisant tout pour m’empêcher de fuir cet enfer. Je ne le comprenais pas, lui qui me disait toujours de faire bien, lui qui de temps à autre prêtait attention à moi, pourquoi s’entêtait-il à ce que je reste auprès des personnes qui me font plus de mal que de bien. Je finissais par étouffer à la longue, à penser que je n’avais droit d’exister, que mon existence toute entière était néfaste. Le suicide avait été une solution à laquelle j’avais songé pour mettre terme à tout cela. Malheureusement pour moi, il était arrivé à temps pour me sortir de la mort. Il faut croire que mon heure n’est pas encore arrivé. Peut être était-ce un signe, un message du ciel qui me faisait croire que si j’avais échappé à la mort cela signifiait certainement qu’il fallait m’accrocher à la vie, montrer à ceux qui ont souhaité ma défaite que je peux devenir quelqu’un, moi aussi. Après tout, chaque existence a une signification.

Après m’être détaché du cocon familial, j’ai décidé qu’à partir de ce jour, plus jamais je ne remettrai les pieds dans cette maison. Ayant précédemment entamé des études en Droit, je suis parvenu à devenir avocat à mon compte, montant ma propre affaire en ayant emprunté par ci et par là. Plus les mois défilaient, plus je me créais une réputation solide de par les quelques affaires qui m’ont été confiées et auxquelles je suis parvenu à résoudre. Il faut dire que je ne me contente pas simplement de défendre mon client auprès du juge. J’ai la fâcheuse habitude de jouer sur mon réseau pour parvenir à mes fins. Un réseau auquel je dois une certaine grosse somme d’argent et auquel je reverse une partie de la somme qui m’est dû à chaque affaire résolue pour effacer ma dette.

Un soir, alors que je rentrais chez moi après avoir passé ma journée à chercher des preuves qui puissent prouver l’innocence de mon client, j’avais eu l’envie de m’arrêter le temps d’assouvir ma faim et m’enivrer un peu, reposant mes jambes et ma tête à l'abri de cette première nuit de neige. Non loin de chez moi se trouvait un petit restaurant spécialiste des nouilles japonaises, où j’avais pour habitude de m’y rendre à chaque fois que ma motivation m’abandonnait un temps. Un lieu qui me plaisait et me confortait immensément à chaque fois que je discutais avec ce vieil homme, qui me contait son vécu étrangement semblable au mien. Ayant un peu trop bu cette nuit là, je rentrais en titubant parfois et me heurtant à des inconnus. Bien que l’alcool avait fait son effet, je savais mon chemin et je savais que cela n’était pas qu’un simple accident, il en était plus. « Monsieur Hwang est ce que vous m’entendez ? » Oui, je vous entends. Je vous entends parfaitement, mais qui êtes-vous ? « Monsieur Hwang, est ce que vous m’entendez ? » Étais-je mort ? J’avais beau répondre à cette personne, mais il semblait qu’elle ne m’entendait pas. « Monsieur Hwang, vous avez eu un grave accident sur la route qui vous a coûté … votre œil gauche en partie. » Comment ? Mais qu’est ce que tout ce bordel. « Monsieur Hwang, par chance nous avons pu remplacer votre œil gauche à l’aide de notre science. Votre père Monsieur Hwang, nous a donné l’autorisation de procéder à l’opération. » Mais qu’est ce que… comment avez-vous osé sans ma permission. « Nous n’avions d’autre solution puisque vous êtes resté de longs jours dans un coma jusqu’à ce que vous fassiez une hémorragie interne, qui aurait pu causer un handicap à vie, voire même la mort dans le pire des cas si nous n’avions pas pris de solution au plus vite. » Ils se foutent de ma gueule bordel. « Vous avez eu beaucoup de chance. Reposez-vous. Vous vous êtes suffisamment battu comme ça. »

Parfois il m’arrive de rêver de cette nuit là, d’en cauchemarder longuement sans parvenir à me souvenir de ce qui c’est passé exactement. Un trou noir. Mais récemment il m’est arrivé de reconstituer une partie du puzzle, comme si l’on me donnait rendez-vous pour découvrir mon propre accident. Quelle drôle de sensation. On pourrait y croire, mais comment peut-on se fier uniquement à de simples rêves ? Mon intuition me disait fortement que cela n’était pas qu’un simple accident. Il me fallait savoir. Savoir qui a souhaité fortement ma mort au point de vouloir me faire disparaître. Nombreux visages apparaissent en tête, mais comment le découvrir alors que toute une liste de personnes auxquelles je me suis confronté m’en veut assurément. Les risques du métier, dirait-on.