hwang nara ((des sourires à nos sanglots))

Hwang Na Ra, trois syllabes. Deux parents, une enfant ; une famille. Enfant du monde, enfant de personne. Fruit d’un amour brûlant, enfant de ses parents aimant. Folie d’un soir, amour éphémère, passion passagère. Trop tard. Le cycle enclenché, plus de retour en arrière, le bébé arrive bientôt déjà. Amour de jeunesse, découverte de la vie, les responsabilités qui suivent. L’un et l’autres aux antipodes, liberté et fatalité ; fille de bonne famille et jeune homme des bas quartiers, amour interdit. La ligne franchie, ils s’aiment. De manière trop intense, trop passionnel. La bêtise d’un soir, et la revoilà neuf mois plus tard. Elle montre le bout de son nez, la flamme est rallumée. Hwang Na Ra, trois syllabes. Deux parents, une enfant ; une famille.

Enfant choyée, enfant aimée, enfant gâtée. Famille à l’envers des normes, famille stable, famille bourgeoise. New Life Corp, l’avenir de tous, maman y travaille, et grand-père aussi. Papa reste à la maison, papa reste avec Na Ra toute la journée. Nourris, câlinée, bercée. Un papa en or. Un papa qui aime l’or ; vérité vrai, camouflé par cet amour factice pour la jeune mère, papa n’est là que pour l’argent. Loin d’être son seul secret. Famille aux allures parfaites, un modèle, un exemple. Et Na Ra, pilier de tous. Enfant choyée, enfant aimée, enfant gâtée.

Des pleurs, des douleurs. Incompréhension. Elle hurle, Na Ra, elle a mal. Papa et maman qui ne comprenne l’origine de ses plaintes. Rien d’autre d’alarmant. Elle a 4 ans, elle va à l’école. Elle marche, elle court, elle saute, elle vomi. Du sang. Urgence. Ils accourent à l’hôpital, elle est prise en charge. Radio, échographies, la totale. Na Ra un deux ulcères avancés, l’estomac perforé. Opération immédiate, un nouvel estomac pour elle, parce que maman et grand-père travaille à New Life Corp. Directement le plus récent, le plus performant, mais avec le moins de recul ; personne n’y réfléchit. Tout va bien, hormis cette grande cicatrice sur le petit ventre de la petite fille. Deux mois, trois mois. Complications ; jonction entre l’estomac mécanique et le duodénum mal exécutée, un morceau remplacé aussi par un bout de métal. Fin des douleurs et des pleurs. Fin de la faim.

Des gifles, des coups de poings, des morsures. Na Ra est beaucoup trop violente à l’école ; Na Ra se laisse trop guidée par ses émotions. Jamais de la méchanceté pure. Des éclats de rire pour pas grand-chose, des grosses larmes pour un crayon tombé sous un meuble. Quelque chose ne va pas. Elle a 9 ans, suivis psychologique immédiat. Papa et maman font tout pour qu’elle aille bien, Na Ra, leur petite fille qu’ils aiment. Mais elle est diagnostiqué borderline. Elle va devoir consulter plusieurs fois par mois, Na Ra, et elle aura un traitement à prendre. Coup dur pour les jeunes parents ; leur précieuse enfant était-elle folle ? De mauvaises habitudes s’installent, ils ne veulent pas la contrarier. Ne pas la rendre triste, ne pas la mettre en colère. Alors elle a tout ce qu’elle veut, toujours quand elle le veut. Enfant encore plus gâtée, pourtant pas capricieuse.

Et Na Ra grandit, encore et encore. Jeune adolescente, adulte en devenir. Une passion pour le dessin qui a grandi en elle, avec elle. En même temps, un nouveau désir qui nait à l’intérieur d’elle ; l’envie de déverser de l’encre colorée sur la peau de chacun, le besoin de faire déteindre son univers sur l’épiderme de toute le monde. Un peu de couleur dans le cœur des autres, une porte vers un monde d’enfant. Parce qu’elle n’en est plus. Elle n’est plus une enfant, mauvaise nouvelle pour ses parents. Ils la délaissent, ils la laisse vivre sa vie. Ils ne font plus attention à elle ; elle n’est plus une petite fille. Ils parlent même de faire un seconde enfant. De manière inconsciente, Na Ra reste une petite fille ; par sa voix enfantine, par son attitude. Pour qu’ils la regardent encore. Pour qu’ils l’aiment. Encore un peu. Juste un peu. Trop tard ; ils choisissent déjà le prénom du prochain Hwang.

Aujourd’hui tatoueuse, aujourd’hui serveuse. Aujourd’hui elle vit seule, seule avec son unique cousin. Celui qui veille sur elle, parce qu’elle fait souvent des bêtises. Mais jamais de méchanceté, toujours ses émotions qui prennent son contrôle. Souvent des décisions prises sur un coup de tête, il est son médiateur. Aujourd’hui elle vit comme une adulte. Une fausse adulte, ou une fausse enfant. Hwang Na Ra, trois syllabes. Un milliers d’aventures. Passées et à venir. Un étrange personnage haut en couleurs.