mr. k's wonder emporium + miyamoru kazuya

Kazuya et Hanae partageaient tout.
Même avant leur naissance.

Ils naquirent le même jour, à quelques minutes d’intervalles, Kazuya prenant tout son temps pour venir à la vie, prendre sa première inspiration et son premier cri. Nés dans une famille aimante, de parents en colère contre la société, mais désireux de donner au monde le fruit de leur amour. Des jumeaux. Kazuya et Hanae ne se lâchèrent jamais de la main, et ce depuis le premier jour.

Le lien liant des jumeaux était parfois difficile à comprendre : certains y voyaient une réaction physique et physiologique, d’autre une réaction psychologique, et enfin, les derniers se persuadaient d’une lien dépassant les connaissances humaines et plongeant directement dans la spiritualité. Une chose était certaine, c’est que le minuscule Kazuya refusait catégoriquement d’être séparé d’Hanae plus de quelques heures. Comme si ils étaient une partie vitale de leurs vies. Un lien que comprirent leurs parents, qui étaient jeunes mais sages. Ils leur apprirent très tôt à être autonomes. Et aujourd’hui Kazuya leur était reconnaissant. Car dehors… dehors, personne ne te prend par la main pour te montrer le chemin.

Kazuya fut rapidement diagnostiqué précoce. Silencieux et renfermé, le petit garçon ne laissait qu’une seule et même personne le rejoindre dans sa bulle. Ses parents et Hanae étaient son monde entier, et ses débuts à l’école furent compliqués. Il était incompris, le jeune Kazuya. Son père le prit en charge, et en plus de l’école, lui fournit tous les livres et documents qu’il désirait, répondait à chacune de ses questions, aussi folles et compliquées soient t’elles. La curiosité du jeune garçon était sans limite, mais l’amour de ses parents l’était tout autant.
A sept ans, Kazuya rencontra l’autre amour de sa vie. Un amour bien étrange, fait de bois sombre et de touches d’ébène et d’ivoire. Il déversa ses sentiments dans ce piano, transformant la tornade en brise légère, et il sut qu’il n’aurait pas pu survivre longtemps, sans lui.

La seule chose que Kazuya aimait plus que le piano, c’était les robots. Les robots qui le fascinaient tellement qu’à 10 ans, il commençait déjà à connecter de vieux morceaux de ferrailles, à créer des circuits électriques et des programmes sur l’ordinateur de la famille, qui observait ses créations avec douceur, et un peu de choc, en particulier quand, l’année de ses dix ans, Kazuya donna vie à son premier robot : une minuscule petite chose volante aux yeux globuleux dénommé Harry. Il ne savait pas faire grand chose, mais le jeune garçon tomba immédiatement sous son charme.
L’adolescence de Kazuya fut chaotique. Le système et la société n’était adapté pour lui, il le savait. Il pouvait voir ses défauts, mais sa voix ne comptait pas. Il se mit en colère, une bonne centaine de fois.

Elle fut marquée, par la même occasion, par la maladie de sa soeur. Sa soeur chérie et protégée, qui, du jour au lendemain, commença à perdre la vue. Et Kazuya savait que cette fois ci, il ne ferait que perdre du temps à être en colère. Et décida de faire quelque chose. De prendre les choses en mains.
Voila comment, en un an, Kazuya mis au point sa première prothèse bionique. Une prothèse qui permit à la jeune femme de retrouver sa vue. Ce n’était pas parfait, bien sur, mais en voyant l’expression sur son visage, alors le jeune homme sut que c’était ce qu’il devait faire. Créer et parvenir à changer les choses, petit pas par petit pas.

Quand il eut dix-huit ans, Kazuya rejoignit officiellement les Armys, et termina son cursus en école d’ingénierie. Il s’installa avec sa soeur dans un ancien entrepôt qu’ils rénovent du sol au plafond, comme ils en avaient toujours rêvé. Il créa alors au rez de chaussé le Mr. K Wonder Emporium, ou le Emporium, pour les plus fainéants, proposant des centaines de jouets robotiques et farce et attrapes que les enfants de Nagwon ne tardent pas à s’arracher, tout en continuant à faciliter les opérations des Armys dans son arrière boutique.

A dix-huit ans, Kazuya se rendit compte qu’il était capable d’aimer autre chose que des minuscules robots, ou son piano. Qu’il pouvait tomber amoureux d’une apparence, d’un sourire ou de la façon dont une personne bougeait.
...pas de n’importe qu’elle personne, en vérité. Mais d’un homme.
Il perdit l’esprit, pendant quelques temps. Parce que malgré tout ce qu’il disait, Kazuya aurait aimé être comme tout le monde, au moins une fois dans sa courte vie. Et il savait...il savait que ce n’était pas aussi facile. Que les gens regardaient toujours de travers les hommes se tenant la main dans la rue.
Alors il fit l’une des plus grandes erreurs de sa vie ayant résulté en son plus grand bonheur.
Il tenta d’être comme les autres.

Hye Ri...était une femme magnifique. Jeune. Ils étaient tous les deux très jeunes et perdus.
Ils trouvèrent réconforts dans les bras l’un de l’autre. Mais l’un comme l’autre… l’un comme l’autre savaient que ce n’était qu’une mascarade. Quelque chose qu’il utilisaient pour se cacher de la réalité.
La réalité… était que Hye Ri était malade.
A 20 ans, Kazuya décida de rester avec elle jusqu’au bout. A 21 ans, Kazuya fit naitre son fils, Haneki, et perdit sa meilleure amie.

Il retourna vivre au dessus de son échoppe, avec Hanae. Comme toujours, ils se sortirent ensemble de ce mauvais pas.
Aujourd’hui, Haneki vient de fêter ses quatre ans, entouré de sa famille. De sa marraine et tante, de ses grands parents et de son père, mais aussi veillé par l’esprit de sa mère qui, Kazuya le savait, n’était pas si loin d’eux.
Kazuya sait, maintenant, qu’il peut être heureux. Mais pour combien de temps ?