Assis dans les vestiaires, les jambes étendues, mon dos reposant contre la porte de mon vestiaire, j’essaye de ne pas laisser la douleur transparaître sur mon visage alors que je me tiens le flanc. Ce sont les risques du métier comme on dit. L’une de mes missions avait fini par mal tourner. Finalement, ce petit army avait été bien plus résistant que ce que je n’avais pensé. Imprudent, je m’étais rendu à son domicile sans protection, ce qui devait arriver, arriva donc, j’avais fini par me prendre un coup de couteau dans le flanc. Douloureusement, j’étais malgré tout arrivé à le tuer et à rentrer presque en un seul morceau au QG. Combattant la douleur, j’avais feinté à la perfection que tout, c’était bien dérouler pour moi. Ce n’est de toute façon pas comme si je voulais que l’on m’apporte de l’aide. Frôler le danger et la mort, c’est ce que je recherche quotidiennement. Sentir le sang couler le long de ma plaie, s’imprégnant sur mes vêtements et s’écoulant le long de ma main, qui fait office de pression, c’est ce qui me prouve en cet instant que je suis vivant. Que sous cette carcasse morte, bat encore un cœur et s’écoule du sang dans mes veines.
La douleur est intense, voir atroce, mais cette sensation me fait sourire. Psychopathe ? Moi ? Peut-être bien. Du moins, aux yeux des personnes qui ne peuvent pas comprendre ce que j’endure quotidiennement. Chaque jour, j’avance tel un mort-vivant en effectuant les tâches que l’on me demande. Chaque jour depuis la mort de mes parents, j’erre sans but tel un animal à l’agonie, n’attendant qu’une chose, que la mort arrive. Alors oui, peut-être qu’aimer la souffrance fait de moi un fou, mais c’est la seule et unique façon que j’ai de ressentir que malgré tout ce que je vis, je reste un être humain.
Dans une grimace, je lève ma main pour observer le sang sur celle-ci. L’odeur du fer emplie rapidement mes narines alors que je contemple cette couleur bordeaux. Pourquoi je n’arrive pas à me souvenir du sang de mes parents et de celui de mon frère ? Au vu de notre accident, la carcasse de la voiture devait certainement en être remplie. Mon cerveau, a-t-il éludé volontairement se souvenir ? Pourquoi, je n’arrive pas à me souvenir de la douleur que j’avais ressentie à ce moment ?
Ce sont tout un tas de questions qui traverse subitement mon esprit, alors que la porte du vestiaire se fait entendre. Sortant de ma contemplation, je viens alors poser mon regard sur l’un de mes collègues. Mon état doit certainement le choquer, alors que moi, je ne m’en soucie à peine. Le fait de me soigner ne m’a d’ailleurs pas une seule seconde effleuré l’esprit, préférant savourer cette douleur qui me rend vivant.
-« Un problème ? »
J’ai vu tes peurs se cacher près de notre passé. Et laisse-moi seul, laisse-moi loin de tes côtés. Mais oublie-moi, parcours ces flots, efface mes pas...
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