Keep calm & Hate me !

Les cinq petites bougies illuminent les étoiles qui avaient pris possession de ses yeux arrondis par la surprise. Son visage de poupon à la peau de porcelaine semble figé dans une expression muette. « Woooow ~ » Sa voix fluette retentit dans ce calme fait de toutes ses respirations retenues. Personne ne doit éteindre les bougies sous peine de subir le courroux du petit garçon. Il est concentré sur sa tâche pendant que sa copie conforme affiche plutôt une bouille de coquin. On sent dans son regard une malice capable de s’enflammer en quelques secondes. Une pile électrique alors que son jumeau est plus posé. Ils sont comme deux faces d’une seule pièce de monnaie. On dit souvent qu’ils sont le jour & la nuit parce que leurs caractères sont diamétralement opposés. Cela n’empêche pas les deux petits garçons de jouer ensemble ou avoir cette espèce de lien que seuls les jumeaux partagent. Un regard suffit pour que l’autre devine les émotions de son double. Chin Hwa semble plus réceptif mais cet enfant montre une sensibilité élevée… enfin avant cet anniversaire, il ne possédait pas ce prénom mais ses parents ont choisi un autre nom pour exprimer ce que ce petit bout représentait pour eux. Il est unique ! Aujourd’hui, les jumeaux ne vivront plus ensemble. Ils n’en ont pas encore conscience mais leurs parents ont décidé de leur destin en cette belle journée d’août. Leurs chemins seront désormais séparés pour toujours…

Pourquoi avoir pris une telle décision ? Chin Hwa & son double sont le résultat des amours illégitimes de leur paternel avec une femme de basse extraction. Evidemment monsieur évolue dans un monde où les apparences sont reines. Il ne peut pas vivre une belle histoire amoureuse… il faudrait d’ailleurs éprouver une once de sentiments pour ça. Non ! Leur père est un être froid, distant qui pense uniquement à son image. Il provient de la haute société alors excusez du peu. Sa liaison est un moyen de fuir les jérémiades incessantes de son épouse qui se désespère de ne pas lui donner un fils. Ils apprendront cinq ans plus tard que madame est stérile. Cette nouvelle bouleverse leur quotidien. Monsieur prend ses distances, madame plonge dans une profonde dépression. Une lettre donnant des nouvelles des jumeaux scelle leur destin. Les époux décident de prendre des deux petits garçons pour en faire leur enfant. Il fut assez simple de convaincre une maman trimant comme une folle pour ses enfants que l’un des deux pouvait avoir un bel avenir. Il suffisait seulement de le vendre à son père… enfin rendre… N’était-ce pas la même chose au fond ? Chin Hwa fut nommé ainsi puisque le petit bout de chou devenait la « chose la plus précieuse » à leurs yeux. Cette femme qui ne possédait pas la même odeur que sa maman, qui ne lisait pas d’histoires avant de dormir ou encore ne cuisinait… lui donna toute l’affection dont elle était capable. Elle devient alors sa « maman ». Ce mot avait plus réellement de sens pour ce garçonnet arraché aux siens.

Comment effacer cinq années de la mémoire d’un enfant ? Simple comme bonjour… On commence doucement en annonçant que votre maman ne vous aime pas assez pour vous garder auprès d’elle. Après les premières crises de larmes qui reflètent toute la peine d’un petit cœur abandonné, on colle dans les pattes de cet être perdu une femme qui sera meilleure que la première et on laisse un papa faire figure du super héros venu sauver son enfant. Pourquoi Chin Hwa n’aurait pas cru ce couple ? Si Yun ne se trouvait plus de lui… sa maman non plus. Il était désormais seul dans ce monde plein d’adultes froids.


Son éducation fut faite par une myriade de professeurs particuliers parce que ses parents refusaient de le mettre dans une école… enfin pas avant son entrée au collège. Chin Hwa se montre polyvalent puisque ses connaissances sont étendues pour un enfant de son âge mais elles l’isolent aussi beaucoup. Ses camarades se moquent de ses compétences intellectuelles. On le surnomme « le cerveau » pendant de longues années. Le jeune homme éprouvera du soulagement en quittant les bancs du collège pour le lycée car ce dernier se trouva plus loin de chez lui. Personne ne le connaissait ! Ne pensez pas que ce petit oiseau connut les écoles publiques. NON ! GRAND DIEU ! Il fréquenta les établissements privés, terriblement coûteux mais il fallait bien ça pour le fils prodige. Résultat des courses ? Chin Hwa est plongé dans un monde où les apparences, le compte en banque comptent plus que tout. Cela le rend plutôt imbu de sa petite personne. On pourrait même dire qu’il a pris le melon.

Le jeune homme accepte moins bien les contraintes de son milieu parce qu’il aspire seulement à une vie tranquille dans son coin… enfin il aimerait garder tous les privilèges de sa classe sociale. Il ne faut pas pousser Mémé dans les orties non plus. Il refuse catégoriquement d’entendre le prénom de sa maman ou encore de son jumeau. La séparation de ses parents reste une blessure profonde pour lui. Les mensonges honteusement distillés par son paternel marquent le jeune homme. Sa mère ne l’aimait pas assez : elle préférait son jumeau. Une haine tenace habite le cœur de Chin Hwa. Il est difficile pour lui d’entendre le prénom de sa génitrice ou de son double. Il n’évoque jamais leur existence, les rayant pour toujours de ses souvenirs.

Vendre son fils unique à la New Life sembla être une évidence pour cet homme qui avait besoin du soutien de cette entreprise pour poursuivre ses affaires. Un moment douloureux pour Chin Hwa qui se rendit compte du peu d’amour dont son père faisait preuve. Il comprit que son existence avait un prix : celui fixé par la NL. Ecœuré par les manœuvres de sa famille, il préfère dire souvent que cette dernière est morte mais on lui rappelle souvent son extraction. Il exerce comme barista depuis quelques temps maintenant, soit deux ans. Il a travaillé dans différents établissements avant d’atterrir dans le dernier. Il a été aussi danseur mais son corps connait quelques problèmes apparus sous la discipline de fer qu’il s’est imposé. Il a d’ailleurs un genou mécanique suite à une énième blessure. Ses aspirations ? Que l’on lui foute la paix ! Il en a marre de toutes ses conneries mais on ne lui demande pas son avis évidemment.