Une journée qui aurait pu bien se terminer si tout cela n’était arrivé. Je crois qu’il devait être aux alentours de vingt-deux heures lorsque je quittais totalement mes fonctions. Après avoir fermé boutique, j’avais comme à mes habitudes, donné de mon temps à mes recherches pour les Army, ensuite seulement, cela dépendait de mon humeur, je regagnais mon appartement, reprenant ma vie banale là où je l’avais laissé la veille au matin. Je n’avais pas de loisir particulier, rien qui ne suscite suffisamment mon attention pour en faire l’une de mes priorités hormis le taekwondo auquel j’ai dû ralentir mes cours. Alors ce soir-là, après une beuverie en la compagnie de mon entourage privé avec qui nous nous sommes adonnés à de longues discussions au karaoke, nous terminions vers une heure du matin, lorsque tous, majoritairement, ne tenait plus l’alcool et les discussions sérieuses finissaient par désintéresser la meute. Ne m’étant pas trop enivré cette nuit-là, je raccompagnais l’aîné jusqu’à sa voiture avant de filer à mon tour. J’avais opté la marche à pied quant à moi, préférant respirer l’air frais après avoir passé toute la soirée dans une petite pièce close qui empestait la drogue.
Marchant tout en observant le ciel à la fois, perdu dans mes songes, je défilais à nouveau le passé dans mon esprit, me souvenant, me demandant comment nous avions pu en arriver à ce point là. Si tout cela ne s’était passé peut être serais-je encore là-bas, entouré de mes parents aimants, ignorant l’existence des Army. Peut être même que je n’aurais prêté attention à tout cela et aurai mené une vie qui ne m’aurait pas été aussi pénible que celle actuellement. Qu’importe, cela ne servait à rien d’y songer davantage, puisque il est là, simplement question d’une illusion. Continuant ainsi pendant au moins une vingtaine de minutes sans vraiment prêté attention aux alentours, je m’égarais loin du chemin habituel qui me menait jusqu’à chez moi. Lorsque seulement une goutte d’eau s’écrasa sur ma joue, je repris mes esprits et remarquais le résultat, soupirant très fortement. Par chance je reconnu le lieu en fronçant un peu des sourcils après avoir vite fait le tour du regard. Si je continuais un peu en cette direction et que j’empruntais un petit chemin étroit sur ma gauche à quelques mètres après avoir dépassé le café aux chats, j’allais pouvoir emprunter un passage, une sorte de raccourci qui me mènerait jusqu’à une autre voie qui longeait la grande route avant que je n’atteigne le bus correct pour gagner mon toit. Je devais faire vite, il était le dernier à cette heure tardive.
Pressant le pas, je terminais par rejoindre en moins de quinze minutes le petit sentier, seulement là, je me trouvais face à une scène à laquelle il aurait été préférable que je ne tombe pas dessus, appréciant largement éviter les ennuis. Pourquoi, pourquoi est ce que cela devait tomber sur moi. Passant une main sur mon visage, frottant la fatigue pour la faire disparaitre, je terminais par bailler un coup avant de passer une main dans ma mèche rebelle. Ces trois types avaient pris pour cible cette jeune femme blonde qui semblait à priori ne pas avoir toute sa tête, au vu de son comportement. Il ne fallut pas très longtemps pour constater qu’elle devait être sous l’emprise de l’alcool ou bien de la drogue.
« Je vous suggère de prendre une chambre d’hôtel plutôt que de vous donner en spectacle dans la rue. Sachez que vous risquez gros si vous vous faites surprendre. »
Les mains dans les poches de ma veste en cuir, je saisis le tissu qui s’y tenait à l’intérieur, me préparant si cela devait arriver, chose que je préférais éviter. Approchant à petit pas je poursuivais le monologue.
« Mais il semble que vous n’ayez pas de chance ce soir messieurs. Je suis témoin. »
Les entendant grogner, je remarquais l’un d’entre eux fouiller l’intérieur de sa poche, devinant ce qui s’y trouvait.
« Toutefois on peut s’arranger. Si vous m’en laissez un peu, je ne dirais rien. » Continuais-je tout en avançant prudemment en leur direction.