I still coldTakeshi et AnubysGarde l’amour qui m’enivre, L’amour qui nous fait rêver ; Garde l’espoir qui fait vivre ; Garde la foi qui délivre, La foi qui nous doit sauver. L’espoir, c’est de la lumière, L’amour, c’est une liqueur, Et la foi, c’est la prière. Mets ces trésors, ma très chère, Au plus profond de ton coeur. Nérée Beauchemin (1850-1931) Les floraisons matutinales Ai-je oublié quelque chose ? Ou alors, est-ce que j'ai fait un truc qui ne fallait pas ? J'ai bien tenté de réfléchir à ma relation avec Natsuki encore ce soir. Le résultat de ce retournement de questions : pas grand chose. Rien de très constructif qui me permet d'avancer et surtout de pouvoir capturer son cœur. Depuis plus de deux ans, mon regard et rivé vers lui. De son côté ? Je n'en sais strictement que dalle. Il est certain en tout cas, qu'il ne me considère pas de la même manière que je le fais pour lui. Qu'ai-je fait de mal ? Ou de trop bien ? J'essaye de peser le pour et le contre, le semblable et le contraire. Aucune piste, aucune ne sort de mes réflexions. Et je ne peux mettre en cause le bruit environnant du casino puisque je suis tellement pris par mes pensées, que le désordre ne m'atteint plus. Je ne serais capable d'inculper l'alcool que je suis en train de boire, car même sobre mon problème reste le même et sans aucune solution en vue. Alors, même si je me laisse ce soir sombrer dans ce liquide ambré, ma situation amoureuse ne changera guère. Je me demande si je suis destiné à rester célibataire toute ma vie. Cette pensée me laisse un goût amer. Même après trois verres de whisky, il est toujours présent au fond de ma bouche. Il n'y a que ma raison qui semble me quitter doucement.
Pourquoi je me suis posé ici au fait ? J'ai encore beaucoup de boulot et je me retrouve assis sur cette chaise haute à me parler en solo. Ah oui ! Je m'en souviens maintenant. Je relève mon visage trop penché sur mon verre à sentir son doux parfum fruité. Mes prunelles s'alertent en reprenant conscience de l'objectif de ma venue. Où est-il ? Je cherche Natsuki, je suis venu ce soir avec une intention bien spéciale. Les jeux d'argent n'attirent guère ma prudence. Par contre, il en est tout autre pour la virilité. Physiquement, entre mon patron et moi, le mot contraire est très approprié. Disons que je suis classé dans la catégorie des garçons mignons et lui, des hommes canons. Je soupire longuement à m'en faire perdre la moitié de ma vie. Je picore la déprime sur un plat d'argent.
Au moment où je touche presque le fond de la douleur sentimentale, j'aperçois un troupeau d'hommes en costar. Le menton écrasé contre mon poing, tenant mon visage par la force de mon coude contre le comptoir, je regarde cette vague black and white faire un défilé militaire. Moi, dans cette tenue, je ressemblerai sûrement à un a-do-rable pingouin et non à un mec sexy que l'on veut mettre dans son lit. Puis, à l'instant où j'allais pour perdre l'autre moitié de ma vie, une illumination éclata mon cerveau trop assombri de pensées négatives. Anubys ! Cet homme musclé est proche de l'amant imaginaire (puisqu'il ne l'est pas) et il pourrait très certainement m'aider à mieux le cerner, ainsi à conquérir son cœur ! Ce n'est peut-être pas l'idée du siècle, mais dans l'état peu éclairé dans lequel je me trouve actuellement, c'est ce que je pouvais faire de mieux.
Je descends de mon trône pour rejoindre rapidement l'homme qui continue sa marche vers je ne sais où. Sur le chemin, des clients se mettent en travers. J'ai l'impression qu'ils le font exprès. Cependant, ils ne font que de rejoindre une autre machine pour atteindre une certaine richesse rêvée. Il faut avouer que je ne marche plus très droit. Je n'ai pas l'habitude de boire et le résultat et comme ce soir, le spectacle est assez drôle à voir. Je me saoule que pour noyer mon chagrin et ma rancœur. Comme si mon cœur en sera plus vainqueur. Malgré l'esprit qui divague, quelques idées restent stables comme celles d'être prudent face à un homme comme lui. Ne jamais le prendre de côté ou le surprendre puisque je pourrais finir davantage surpris et mal-en-point. Le pas précipité, je me place devant lui, lui bloquant la route et les bras grands ouverts. Mon visage est baissé et se dévoile lentement avec un regard avisé. " Anubys. Aidez-moi. S'il-vous-plaît. "