vibrations - isaiah
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Lwang Anubys
Lwang Anubys
Lwang Anubys
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Mer 27 Mar - 1:18

ft.isaiah

Vibrations

Le poids lourd des souvenirs. Celui qui perce le coeur, la peau, jusqu’aux neurones. Tout humain qui a une part de lui synthétique aujourd’hui est marqué du sceau de la souffrance, celle qui n’est pas réparable. Alors qu’est-ce que cela faisait de lui… il n’avait plus grand chose pour se raccrocher à l’humanité. un amas de balafres reformé en quelque chose de potablement viable et mécanique? Dur auto-jugement. Un reflet dans le miroir qui lui appartient sans lui appartenir, une voix naturelle qui résonne dans des tympans bioniques, alors est-ce le vrai son qu’il perçoit? Ou bien l’oreille humaine l’entend-elle d’un tout autre accord? Son ingénieur lui a certifié que toutes les variables naturelles avaient été prises en compte, mais...en dépit de tous les résultats concordants, et le dossier complet sur ce qu’il était devenu, il aimerait tellement que ce soit vrai…Quelque chose a changé. Il est bien plus sensible aux sons électriques ou électroniques, que naturels qui semblent si doux et pourtant si loin pour lui quand il est enfermé dans cet appart. C’est bientôt l’heure. Pour les autres, cette heure n’aurait aucune espèce d’importance, certains le penseraient même dingue. Il l’est à n’en point douter. Mais pour lui tout doit avoir une explication et s’il y a une explication, il n’y a donc plus folie si? Là non plus, ce n’est plus logique, puisque l’art, les plantes, l’appréciation des parfums, tout ceci n’a aucune explication… alors doit-on qualifier ces choses de folie? Ou juste de bonheur. Le bonheur rend fou, ou est fou, ou seuls les fous peuvent être heureux. Peut-être les trois. Mais une chose est sûr. Ce soir, rien n’est logique. Pas plus qu’hier, ou encore avant hier, à la même heure. Ce rituel incompréhensif, dans lequel il est tombé. Dans son oreille, le cliquetis imperceptible à l’oreille humaine de son réveil de chambre. A sa main, un verre à demi vide de bourbon sec, le troisième verre, assez pour lui alléger les neurones, pas assez pour lui faire perdre le bon sens et l’équilibre. Si habitué à cette saloperie, une honte, un secret. En soirée, il ne buvait pas vraiment, il chaperonnait les autres, digne aîné qui n’a jamais procréé, déchargeant son besoin de paternité manqué sur ces jeunes égarés. Il ne pourra empêcher leur trépas, mais tout du moins le retarder. Le sien de trépas n’est qu’à deux pas, deux pas assez loin, tantôt senti trop près, qui s’enfuient de nouveau pour lui laisser ce moment chaque jour. Personne ne comprendrait mais lui en a besoin. Quelques semaines que ça dure, sa dernière habitude. Mais ça ne va plus. Ce soir, il attend, contrarié et silencieux. Sa gorge enchaîne la douce brûlure des gorgées frelatées, jusqu’à ce que le verre soit vide, puis il détourne de cette baie vitrée qui donne sur une rue animée plus bas… mais trop basse pour les contaminer de son chaos d’une nuit encore froide.

Ses yeux se fixent lentement sur le mur à côté.. il pose son verre sur la table de chevet, toujours en costume, tenue de boulot, chemise blanche, pantalon noir mais pieds nus. Lentement, il se laisse glisser le long du mur, son dos solide râpant en douceur un papier peint impeccable. Son regard se perd dans le vide quand il pose sa tête en arrière contre la paroi, il ferme les yeux, les coudes en appuie sur les genoux et attend. Que ça arrive. Le son. Celui qui sort de cet instrument, ni violent, ni brutal, la nuit étant avancé, mais pas suffisamment pour que les autres voisins eut pu avoir envie de tuer l’auteur. Des accords synthétiques qui trouvent écho en ses oreilles comme jamais il n’avait entendu. Il n’y avait jamais prêté attention, toujours aliéné par le son de la télé et un soir de blessure, il s’était couché, trop tôt, dans ce silence trop long… et le son était venu. En vibrations sourdes, puis plus clairs, s'enchaînant comme une osmose sonore qui touchait sans comprendre son cortex inhumain, résonnant mieux que n’importe quel son humaine, et source d’une apaisement bionique incompréhensible. Il n’avait plus rien trouvé de mieux pour se détendre. Alors chaque soir.. quand il le pouvait, il arrêtait de vivre. En silence. Dans l’anonymat, juste pour absorber sa drogue sonore et laisser ses molécules se détacher de la raison mécanique qu’il était devenu. Sa fascination pour l’incompréhensible avait atteint un autre niveau, plus haut que le visuel ou que les choses de la vie. Les désaccords musicaux pouvaient lui provoquer des beug, il risquait gros parfois juste pour ce détail s'il se laissait absorber. Comment ce type faisait pour produire ces accords... aucun n'était identique. Avait-il des tympans comme les siens, harmonisant les vibrations, ou bien est-ce juste un putain de prodige de l'impro... Qui plus est, une guitare électrique n'est pas forcément ce qu'il y a de plus délicat... mais lui... arrivait à en jouer sans incendier la moitié de l'étage... il en ressentait jusqu'aux vibrations dans le mur et ça le prenait au corps, jusqu'au fond dans les muscles. Il n'y avait que lui pour comprendre.

Mais encore une fois. Depuis quatre jours. Rien ne vient. il attend. Patience incarnée. Il commence à somnoler mais se lève et tourne un peu en rond, réfléchissant. Ce n'est pas normal. Il n'a pas loupé un soir depuis plusieurs mois. Lui? Le voisin. Sur qui il n'ose que peu s'attarder sans vraiment comprendre pourquoi. Et qui un jour lui a avait sorti "votre langue est défaillante?" parce que le bourru qu'il était le croisait toujours sans lui dire bonjour. Il avoue qu'avec le recul, il ne s'était jamais posé la question du est-ce qu'il devait le faire ou non. En général dans son milieu, un signe de tête suffit. Depuis il lui disait poliment bonsoir, avec parfois un raclement de gorge sans non plus savoir pourquoi. Mais plus depuis plusieurs jours. Etait-il malade pour ne plus jouer? Avait-il eu un accident? Avait-il déménagé? Se priver de ces vibrations? Immobile, il rabattait les différentes hypothèses. Instrument cassé. Musique abandonné. Hospitalisation. Oubli? non impossible pour l'oubli, un artiste n'oublie pas. Tant de possibilité, il se stoppe et ferme les yeux, se massant le haut du nez. Les mains sur la taille, il bouge doucement sa tête sur son cou courbaturé, et en déduit qu'il ne restait plus qu'une chose à faire: aller vérifier si tout allait bien. Pourquoi? Comment? Qu'est-ce qu'il va dire? il ne sait même pas, il est déjà en train d'ouvrir calmement sa porte d'entrée sans en oublier les clefs pour ne pas être fermé dehors. Quelques mètres et il abat son point sur la porte sans sentir sa force. Le premier coup est fort. Oh merde. Il regarde son point et touche la porte de l'autre main. Il l'a bousillé? Non ça va. Il hésite et retourne sa main pour toquer trois fois de l'index.  S'il ne répond pas, il fait quoi? Il cassera la porte. Avec deux minutes d'attente, cinq? dix. Dix c'est bien, on ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir attendu. Il attend, et veut pour retaper du poing quand la porte s'ouvre, son bras en l'air et il baisse les yeux légèrement, immobile. Ok. Il est vivant. Gros instant de solitude, il baisse le bras et fronce les sourcils.

"Tout va bien? J'veux dire... vous.. ne jouez plus...depuis quatre jours. j'ai cru que vous étiez mort." Un instant d'hésitation. Il range ses mains dans ses poches et penche la tête un peu contrarié, ouvre la bouche mais rien ne sort et il reprend une tête impassible, la redresse et décale, marche arrière, et baisse les yeux. "Ok... j'vous laisse, tout va bien alors je..." Il tourne le dos, il a un peu bu , et il se rend compte qu'il a fait un truc absolument... dénué de sens. Après tout s'il ne voulait pas jouer ce n'est pas son problème si? Et ... puis ... il s'arrête et se retourne et revient sur ses pas, lève le doigt, prêt de nouveau à expliquer le pourquoi du comment, mais ferme les yeux et secoue la main... pour retourner sur ses pas dans l'optique de retourner chez lui. "Laissez... vous ne comprendriez pas... un humain ne le peut pas." Anubys.. t'as l'air d'un fou. Mais c'est rien, il ne te trouvait déjà pas net avant ça. Tu arranges ton cas.

Lwang Anubys
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Mer 27 Mar - 18:39

Les pupilles levées vers le ciel noir, seules quelques étoiles gravitant dans cette étendue, Isaiah abandonne un soupir. Il repose ensuite sa cigarette sur ses lèvres ; ces barrettes mortelles ont déjà causé sa perte, lui valant une nouvelle paires de poumons, mais cela n’a pas semblé lui suffire. Avec le sport et la musique, c’est la troisième chose qui lui permet de tenir encore un peu debout. En effet, depuis qu’il a quitté les rangs de l’armée de terre, après avoir quand même évolué en tant que lieutenant (une excellente place), il a enchaîné les ennuis. A croire que ce choix de prendre une retraite anticipée n’était peut-être pas une si bonne idée que ça. Néanmoins, s’il a fait ce choix, à l’époque, c’était pour vivre auprès de sa femme et de tenter de fonder une famille. Avec une somme confortable, cela paraissait presque comme une véritable idylle, sûrement un peu trop belle pour l’homme qu’est Isaiah. Au cours de sa vie, malgré une détermination certaine à s’accrocher à la vie, à se relever à chaque instant difficile, cette dernière n’a eu de cesse de se jouer de lui. Emportant sa mère alors qu’il n’était qu’un adolescent perdu, le détournant ensuite de son désir de devenir médecin, le faisant s’engager dans l’armée puis s’entraver à la botte du gouvernement dans cette maudite entreprise. Parfois, un peu comme ce soir-là, il se demande à quel moment tout cela a bien pu se produire. Il a l’impression que ses trente-sept ans sont passés en un claquement de doigt. Sans parler du décès de sa femme.
Juste après avoir accepté le deal de New Life Corporation, c’est un accident de voitures qui a emporté celle avec qui il souhaitait créer sa famille. À partir de là, il n’a plus été que l’ombre de lui-même, se retranchant dans la guitare et, peu après, dans l’alcool. La boisson lui a permis de retourner ses sens, d’effacer peut-être un peu de la peine et de la souffrance qui s’installaient progressivement dans son corps. Comment supporter tout cela ? Comment le supporter quand, par-dessus le marché, les horreurs de la guerre ne cessent de taper dans son esprit ? Alors il a bu. De bien trop nombreux verres pour qu’il puisse aujourd’hui les compter. Cela lui donnait quelques heures de répit... jusqu’à ce que la réalité lui revienne en pleine figure. Et cette douleur-là est sans doute la pire. Est-ce que la justice a quelque chose à voir avec tout ça ? Isaiah pense pourtant qu’il n’est pas si mauvais que ça pour avoir mérité de si dures punitions.
Écrasant sa cigarette, il frissonne un peu. Il jette le mégot, passe une main dans sa chevelure et ferme la porte vitrée du balcon. Encore une fois, grâce à ses revenus de l’armée, le tatoué habite dans un appartement confortable, à la décoration épurée. Isaiah n’aime pas vraiment le désordre, hormis quand il concerne ses partitions de musique. D’un pas las, il se dirige vers la salle de bain pour passer sous la douche. Tous ses muscles se détendent sous l’eau chaude tandis que ses pensées dérivent sur sa guitare qui l’attend dans sa chambre. Il est vrai qu’il a pris l’habitude d’en jouer chaque soir en rentrant chez lui, mais ce soir est peut-être un peu différent des autres. Les coups de blues ne préviennent pas vraiment quand ils surgissent. Il pense davantage aux bouteilles de Whisky qui reposent dans son buffet qu’à son instrument de musique et il sait que ce n’est pas une bonne chose. C’est même une bien vilaine pensée.
Il tourne le robinet, enroule une serviette autour de sa taille et file attraper un teeshirt et un pantalon un peu décontracté pour cette fin de journée. Un petit verre pour accompagner son repas... n’est toujours pas une bonne idée. Il passe une main sur son visage et retourne s’habiller dans la salle de bain. Cela fait, il allume la télévision et s’interroge sur ce qu’il va pouvoir manger, planté devant ses placards (d’ailleurs, il faudrait qu’il aille faire deux ou trois courses à l’occasion) quand on toque à la porte de son appartement. Un sourcil haussé, et se demandant qui ça peut bien être à cette heure, il n’ouvre pas tout de suite. Finalement, en entendant que l’opportuniste retente sa chance,  Isaiah file ouvrir pour tomber nez-à-nez avec son voisin. Celui-là même qui ne lui disait pas bonjour jusqu’à ce qu’il lui fasse la remarque bien sentie. Il l’écoute donc, lui disant que cela fait plusieurs jours qu’il ne joue plus, qu’il s’inquiète en fait pour lui. Isaiah ne sait pas quoi répondre, se contente de le fixer plusieurs secondes. Quatre jours ? Le temps file...
« Attendez ! le rappelle-t-il. Ne partez pas comme ça. »
Mais, à vrai dire, pourquoi est-ce qu’il le retiendrait davantage ? Cette scène était plutôt gênante, dans le fond, quand il arrive à Isaiah d’y repenser.
« Pourquoi dîtes-vous cela ? Que je ne comprendrais pas. Enfin... vous m’écoutez jouer ? »
Il a surtout envie de lui déclarer : cela fait donc quatre jours que je suis dans un état aussi pitoyable ? Peut-être même que cette douche qu’il vient de prendre est la première depuis un moment... Heureusement que le voisin n’a pas toqué avant.
Isaiah passe une nouvelle main dans ses cheveux, sorte de tic quand il est mal à l’aise.
« Vous voulez entrer un instant ? Je n’ai pas grand-chose à vous offrir pour me faire pardonner, mais j’ai du bon Whisky. »
Il lui adresse un sourire et ouvre un peu plus sa porte pour l’inviter à entrer dans son appartement. Finalement, ce verre de Whisky aura peut-être vraiment lieu... Néanmoins, voyant ce qu’il prend pour de l’hésitation de la part de son interlocuteur, il choisit de le mettre un peu plus à l’aise que lui ne l’est vraiment.
« Je m’appelle Isaiah. »
Se présenter le premier permet de sembler plus sympathique, non ? À ces mots, Isaiah finit par se diriger vers le buffet pour sortir une bouteille et deux verres.
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Lwang Anubys
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Jeu 28 Mar - 0:12

ft.isaiah

Vibrations

Du grand n'importe quoi. La magie de ces moments où sa logique d’androïde et ses racines humaines se barrent en promenade ensemble et qu'il doit faire avec, en les rattrapant à  tour de bras dans la plus parfaite incohérence et maladresse. L'image d'un instable refroidi voilà l'image qu'il donne, ou du mec perdu qui a des problèmes maniaques, horribles rituels qui rythment son quotidien ? Non, les choses horribles ne l'affectent pas. Ce qui a provoque ce chaos d’ingérence en son fort intérieur, c'est une chose qu'il ne peut expliquer, mais qui n'a rien d'immoral. Une nécessité auditive harmonique et vitale pour son équilibre. Mais quel abruti sur terre a ce genre de drogue, ce genre de médoc en remède à sa folie qui guette ? Trop de sagesse, trop de logique pour mieux l'étouffer dans sa dés-humanité et ce mec, avec ses doigts qui créent un autre monde, lui, il a su lui faire entretenir ce rituel du mur, des yeux fermés, de cette transe, après laquelle, il n'avait plus qu'à se traîner jusqu'à son lit pour s'y enfoncer et oublier le temps d'un sommeil court, qu'il avait temps perdu, qu'il ne le savait même pas d'ailleurs et que chaque jour s’enchaînerait encore et toujours avec la même violence, la même gestion de ses émotions, les mêmes actions, et puis il rentrerait encore. Ce soir, en ne jouant pas encore, il avait brisé ce rythme de vie trop parfait. C'était comme laisser un steak frais chaque jour au chien dans la rue, et un jour ne rien lui laisser, même pas du gras, ou un morceau de tripes. Et recommencer un jour, puis deux... le chien chercherait. Encore, et encore. Est-il venu pour lui demander son steak alors ? Non, il ne savait plus, parce que comme tout clébard sauvage... on avance, puis on s'en va, parce qu'on ne sait plus ce qu'on fout ici, qu'on se méfie et … est-il sérieux ? Un simple chien ? Non, il est plus que ça, tellement plus. Il devrait essayer de s'en persuader peut-être.

Alors quand son voisin, qu'il a osé déranger pour une demande indirectement égoïste, chose qui ne lui ait encore jamais arrivé depuis son greffon cérébral, l'interpelle pour lui demander de revenir, il reste figé la main sur la poignée, sa main sur son paquet de clopes dans sa poche. Il hésite mais finit par tourner les yeux vers lui, intérieurement un peu étonné, mais son impassibilité reprend vite le dessus quand une de ses questions vient à le pousser à la réflexion. L'unique solution pour qu'il arrête de beuguer. Pourquoi veut-il qu'il revienne ? Il vient de le déranger à pas d'heures, et pour un sujet culotté. S'il n'a pas envie de jouer de la musique, c'est son droit après tout. Et puis pourquoi s’être demandé s'il était mort ? Pourquoi il n'a pas pensé à tout ça avant d'être pris d'un acte aussi con ? Deux autres questions qui tombent. Pourquoi il dit ça ? Et s'il l'écoutait jouer ? Ça fait trop de réponses à donner d'un coup, et la plupart n'ont pas d'explication tangibles ou pragmatiquement justifiables. Aish... il bouge plusieurs fois la mâchoire et ses doigts glissent de la poignée, enfonçant sa seconde main dans sa poche jumelle, fermant un peu les yeux pour calmer ses réflexions... tout va bien, respire, tu vas gérer. Comme d'habitude. Il n'a pas obliger de lui répondre n'est-ce pas ? Il ne le fait pas d'habitude quand il travaille. Diplômé en indifférence totale et déni de présence, il aurait pu juste rentrer chez lui et lui foutre un vent mémorable après l'avoir royalement dérangé en pleine soirée. Alors pourquoi ses pieds se détournent de la porte pour le faire revenir devant le tatoué ? Pourquoi n'écoutent-ils pas ? Rejeter la faute sur ses pieds, c'est très mature, Anubys. Et ce besoin de répondre aussi. Il pourrait se l'éviter, mais ce ne serait pas poli, ni logique au fond. Il a créé cette situation, dit ces mots, il assumera. Le voilà donc presque devant le brun, un peu plus petit et moins épais que lui, plus pâle de peau aussi. Il a bien vu son geste dans ses cheveux, il note tout. Enfin... pas encore tout, ça va venir, juste quelques minutes qu'il se remette les circuits en ordre. Il n'a pas dit qu'il voulait entrer à sa question, mais il suppose que le fait qu'il soit revenu sur ses pas, était une réponse de ses pieds ? Ça va le rendre dingue ce soir ces conneries. Il doit arrêter de réfléchir. Oui. Non. Si. Juste dix secondes, et après il repart dans l'autre sens, c'est ça ? Non. Il rentre, baissant les yeux, les mains toujours dans les poches, visiblement aussi perturbé que l'autre. Arrêter de réfléchir. Il doit lui répondre quoi à tout ça. Qu'il écoute sa musique tout les soirs ? Qu'il en a besoin pour calmer son calme bionique ? Est-ce qu'on peut au moins calmer les nerfs d'un … androïde ? C'est même pas des nerfs, mais des connectiques et … il se fige. Ses pieds. Il est pieds nus. Il est... pieds nus. Merde. Il relève les yeux, et se rend compte que non seulement, il est entré, qu'il a traversé son hall sans s'en rendre compte, perdu dans ses réflexion à la recherche de logique et qu'il est à présent... dans son salon. Devant une table basse et un canapé, comme un con. Et pieds nus. Qu'est-ce qu'il a loupé ? Il fronce les sourcils, se retourne vers son hôte, qui se présente à lui. Est-ce que le mot Whisky a sonné comme une téléportation ? Faut vraiment qu'il arrête de boire. Et là … illumination. Il a bu. C'est ça ! Immobile, impassible, il répond poliment, la voix calme comme à son habitude. « Anubys... » Il est toujours pieds nus. Ça va pas du tout. On ne va pas chez les gens pieds nus, c'est... contre ses principes. Et on ne rentre pas comme ça non plus et... ok. Il ferme les yeux et monte sa main en pinçant son arête du nez avec ses doigts. Les chaussures. Ou les chaussons. C'est une excuse pour se tirer vite fait d'ici et se faire oublier de son voisin durant disons... allez les vingt prochaines années ? Non parce que question rencontre, on fait pas plus pourri.

« Je... je suis pas contre un verre. Veuillez m'excuser, j'n'aurais pas du vous perturber de cette manière, c'était peu courtois et assez égoïste je dois dire... » venant d'un meurtrier qui jette peut-être cinquante personnes par jour ou nuit sur le trottoir, et torturent des gens pour des remboursements de dette, cette politesse était déroutante, mais ce Isaiah ne le savait pas n'est-ce pas ? S'il le savait il était sacrément taré et masochiste, mais qui sait, il jouait peut-être exprès pour... non. Tu arrêtes ta parano. Tu te focus, sur... beug. La clope entre les doigts plus bas, non allumé, il observe calmement le musicien s'occuper de ce qu'il a proposé. Les détails. Toujours ces putains de détails qui auront sa mort. Une mèche qui tombe sur le coté du visage. Un morceau de tatouage visible, avec cette nécessité logique de savoir ce qu'il représente en entier, ses doigts fait pour la guitare et … oh putain. Ok. Il ferme les yeux. Vas y regarde tes pieds. Pourquoi faut toujours qu'il se fasse avoir en ce moment. Il avale sa salive et se racle la gorge.

«...pour répondre à vos questions... » il s'approche un peu de la fenêtre, contournant le canapé, et aussi pour éviter de croiser son regard, il plante ses yeux sur la rue, se disant que ça ne change pas vraiment de son appart... ce qui est tout à fait normal en soi... mais ce soir, ça a de l'importance. « ça fait quelques mois qu'on est voisin...j'n'ai pas été exemplaire, je l'avoue...je n'ai pas pour habitude de me lier. Instinct de conservation à leur égard. Je ne sais plus si vous étiez là avant mon dernier greffon... je m'en excuse, je me base sur les souvenirs qu'on m'a laissé. Mais... » il regarde sa clope machinalement tout en essayant de trouver les mots les plus directs et les plus adaptés, ce qui n'est pas sûr d'être une réussite. « J'ai repris mes repères par rapport à des choses du quotidien. Peu de choses me poussent à bout, mais peu me soulagent aussi, du moins dans celles que je m'autorise...Mon métabolisme est... » un instant. Il hésite. Doit-il dire ce qu'il est vraiment ? « ...différent. J'ai découvert que votre musique synthétique avait un contrôle réducteur sur mes nerfs qui le sont tout autant … un genre de connexion vibratoire. Je ne peux pas l'expliquer. » Des termes bien compliqués et non assumés, juste pour dire que cette musique lui faisait un bien fou, mais peut-on réellement faire du bien à quelqu'un qui ne pense plus humain ? « Vu que vous ne jouiez plus, j'ai commencé à être un peu nerveux et j'ai cru qu'il vous était arrivé quelque chose. C'était purement hypothétique bien entendu... n'allez pas croire que j'ai des tendances obsessionnelles... je vis dans des règles strictes, et des taches professionnelles peu conventionnelles. Le routinier et le banal m'ennuient... c'est compliqué de trouver de quoi satisfaire ce besoin de relâchement et … j'ignore comment vous faites ça, j'en serais d'ailleurs incapable, je l'admets, mais vous réussissez cette prouesse chaque soir, à travers ce mur. Toujours des notes différentes, une irrégularité de qualité et avec des amplitudes instinctives et... » Il s'arrête pour observer les phares des voitures plus bas, puis baisse les yeux sur ces pieds nus juste une seconde, avant de fixer de nouveau au dehors. Quelle politesse, bravo. « Et pour aller un peu plus loin dans la bizarrerie, je suis pieds nus chez vous. » Il soupire un peu, non pas de dépit , ou de tristesse, mais plus un genre de -je m'arrange avec la vieillesse, tout va bien-. Au moins, il lui avait donné les explications, restait plus qu'à savoir comment il allait interpréter tout ça ou s'il était déjà en train d'appeler les flics. Manquerait plus qu'il se fasse embarquer pour ça alors qu'ils n'avaient pas réussi à le chopper pour des choses tellement pires. Pitié ce soir, oubliez le un peu, il n'a pas eu sa musique, il est pieds nus et en dehors de son appart. S'il était humain, il serait déjà en pls ou en hyperventilation, la tête dans un sac en papier. Mais sa seule réaction à un stress inhérent à une fracture dans son équilibre quotidien , c'est de noyer son instabilité dans la baie vitrée, avec ce besoin horrible de fumer.

Lwang Anubys
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Sam 30 Mar - 19:47

Son interlocuteur finit par entrer et se présenter à son tour, Anubys. Isaiah lui sourit en retour, n'ayant jamais entendu quiconque se prénommer de la sorte jusqu'alors. S'il avait été plus à l'aise, il lui aurait sans doute demander de quelle origine c'est... peut-être le fera d'ici quelques minutes, quand l'ambiance semblera moins étrange aux deux hommes. Isaiah se contente donc de sortir les deux verres ainsi que la bouteille de Whisky et de venir s'installer sur le canapé, déposant le tout sur la table basse en verre devant. Son voisin reprend la parole pour s'excuser d'être venu l'importer de la sorte, déclarant cela égoïste de sa part. Isaiah ne voit pas encore réellement en quoi cela l'est, toujours perdu dans le fait que cela fait près de quatre jours qu'il n'a pas vu la lumière du jour.
« Tenez donc ce verre », dit Isaiah.
Il lui remplit de moitié et lui fait glisser sur le bord de la table. Sa main revient sur la bouteille afin de se servir à son tour. Est-ce bien raisonnable ? La bouteille levée, à moitié penchée, le tatoué sert son poing sur sa cuisse avant de se raviser et de la reposer à la place qu'elle occupe un instant plus tôt. Ce n'est vraiment pas une bonne idée de boire ce soir, vraiment pas. Néanmoins, placer l'objet de ses convoitises juste devant son visage est très difficile à vivre. Peut-être vaut-il mieux qu'il la range dans le placard, cachée de ses yeux, et de boire une simple boisson gazeuse. Hors de question qu'il plonge à nouveau dans les méandres de l'alcool. Il sait très bien que les effets, qu'il croyait bienfaiteurs à l'époque, ne sont que des chimères. La réalité finit toujours par le rattraper, et sans doute de façon bien plus virulente encore.
C'est donc ce que fait Isaiah. Il se lève, va dans la cuisine et en rapporte une canette fraîche qui traîne dans le frigo. Pendant ce temps, le récit d'Anubys résonne dans son esprit, peut-être à l'image de sa propre musique a pu résonner dans celui de l'homme en face de lui. En portant son soda à ses lèvres, Isaiah est témoin des nombreuses révélations de son interlocuteur, à commencer par le fait qu'il ait subit lui aussi quelque greffe qui soit. Là-dessus, le tatoué peut bien comprendre ce qu'a pu traverser son voisin, ayant lui-même quelques membres et organes loin d'être humains. Puis, il s'agit de la musique qu'il évoque. De sa musique plus précisément. Il reçoit les agréables compliments qui déferlent dans son appartement bien qu'il trouve quand même toute cette histoire assez loufoque. C'est bien la première fois que quelqu'un écoute ses compositions assis derrière un mur et ce à heures régulières tous les jours ! Et sûrement aussi que l'on s'inquiète pour lui de ne plus avoir de signes de vie de sa part. Est-ce que cela devrait lui faire plaisir ou, au contraire, l'interpeler sur le fait qu'il soit plus ou moins surveillé, attendu (en plus du gouvernement qui excerce son pouvoir sur lui) ?
Les interrogations d'Isaiah sont néanmoins vite interrompues par la dernière remarque qu'Anubys fait à son propre sujet cette fois-ci. Les pupilles du brun descendent donc vers les pieds de son invité et il se met à rire avec franchise en s'approchant de lui, et de la fenêtre.
« Ce n'est rien, vous savez, vous avez raison de savoir vous mettre à l'aise. »
Il a envie d'ajouter qu'il n'aurait lui-même pas été plus présentable si cet homme était venu sonner chez lui quelques minutes avant qu'il ne prenne sa douche. Ah ! quand il y repense, il se demande ce qui a bien pu le rendre si vide ces derniers temps... Enfin, là n'est pas la question. Ils ne sont pas en train de parler de lui, et Dieu merci. Les sujets concernant Isaiah ne sont généralement pas aussi gratifiants que celui qui concerne la musique. Le propriétaire des lieux finit par ouvrir la baie vitrée pour inviter son voisin à le suivre sur la petite terrasse. Accoudé au balcon, Isaiah reprend la parole :
« Je ne sais pas par où débuter mais... déjà, je pense que je peux vraiment vous remercier pour cette forme de fidélité envers ma musique, ma guitare. De tous les fans que je peux avoir, je pense que vous êtes l'unique personne à m'avoir écouté seulement à travers d'un mur ! (Il esquisse un sourire.) Je suis ravi que cela vous permette de réussir à décompresser avec tout ce qui a dû vous arriver. »
Il fixe quelques secondes la nuit qui s'est étalée à travers la ville en contrebas. Les lampadaires s'allument un par un tandis que les derniers hommes d'affaires se ruent dans les bars les plus proches pour trinquer avec leurs patrons.
« Je ne sais pas vraiment si je dois m'excuser de ne pas avoir joué ces derniers jours, mais je le fais. Je... Disons que j'ai eu la tête ailleurs et je ne savais pas que je manquais ce rendez-vous quotidien. »
Il extirpe une cigarette de sa poche, l'allume et présente son briquet à Anubys qui semble avoir très envie de fumer également depuis qu'ils se sont rencontrés. Un petit silence s'installe ensuite entre eux avant que l'ancien militaire ne revienne sur des détails qui paraissent lui avoir échappés.
« Vous disiez que votre métabolisme est différent... Vous vouliez peut-être évoquer le fait que vous avez subi des greffes ? l'interroge-t-il. Ne vous inquiétez pas, j'en ai moi-même, dont ces maudits poumons qui ont déjà failli une première fois. »
Loin de se douter des nombreuses et terrifiantes opérations qu'a pu subir son interlocuteur, Isaiah pense d'abord au remplacement de ses tympans, par exemple, d'où le fait que sa musique puisse sans doute résonner d'une manière différente dans son système. Il tire quelques lattes sur sa cigarette avant de poursuivre dans le même sens :
« Vous n'avez pas d'autres manières de vous détendre que ma musique ? A vrai dire, je ne peux pas vous promettre d'être toujours là pour vous procurer ce bien-être. »
Voilà sûrement en quoi les explications d'Anubys étaient égoïstes. Isaiah ne peut rien lui offrir de plus que ce qu'il fait déjà quand il est en bonne forme. La preuve avec ces quatre jours passés.
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