(( Ji Hoon )) - You're my Paradise

Dear Sister,

Je sais très bien tout ce que tu vas me dire après avoir lu cette lettre, et je sais que tu vas me penser idiot pour mes choix, mais ceci ne peut pas rester comme il est. Père n'est pas seulement malade, tu le sais, tu es assez grande pour le comprendre. Je ne peux pas m'occuper de lui, je ne peux plus, ses problèmes ont dépassé mon domaine. Père n'est plus vraiment humain maintenant. Mais je pense qu'il est temps aujourd'hui de te raconter l'histoire en entier, de te faire comprendre comment tout ça s'est passé.

Père est né dans les côtes du Canada, à ce qui aujourd'hui s'appelle Paradise. Là-bas, tu as dû l'entendre, ce n'est pas la joie. La guerre que tu vois ici, tu peux te l'imaginer multiplier par peu importe le chiffre. Là-bas, une vie calme et saine semble impossible. C'est malgré tout là-bas qu'il a rencontré Mère. Ça fait bien longtemps que nous n'avions pas prononcé ce mot n'est-ce pas ? Elle n'a pas vécu très longtemps, tout ça les a rattrapé trop vite pour que tu puisses sûrement te souvenir de son visage. C'était une belle femme pourtant, elle te ressemblait beaucoup. Et le problème, non pas qu'il y ait de coupable, venait malgré tout d'elle. Cette relation entre nos parents ne semblait pas être acceptée de ce monde. Il est vrai que quand on y pense, une personne contre tout ça, avec une femme travaillant directement pour eux. Ils étaient des fugitifs. De ce que j'ai cru comprendre de Père, la façon dont il avait fait tout ça n'était pas la meilleure. Cela semble logique, n'est-ce pas ? Un couple caché, fuir l'un après l'autre de pays en pays sous prétexte de faire des recherches sur la présence de cette entreprise dans le monde... Ils ne sont pas restés longtemps à Heaven, quel beau nom de ville pour un tel désastre. Et bizarrement, pour eux, Nagwon semblait être le meilleur endroit. Le meilleur endroit pour y poser une famille, l'endroit le plus sûr. Tu dois te demander en quoi Nagwon est considéré comme sûr, et je me suis posé la même question. Mais je ne doute pas de leur jugement sur ces villes. Mère n'aurait pu vivre à Mbinguni non plus, ils sont beaucoup trop agressifs envers son travail là-bas.

Étrangement, ils n'ont rien dit pour la mutation de Mère, peut-être parce qu'après ma naissance, ils ont compris les réelles raisons. Tout semblait aller, je me souviens de la demeure que nous avions, t'en souviens-tu ? Ce rare morceau de verdure que nous avions tout proche, cette chambre de princesse que Père t'avait fait. Après ta naissance, les problèmes étaient déjà là. Mère était déjà "malade" comme ils disaient, et Père n'était presque pas trouvable. Il revenait tard le soir en nous laissant à des inconnus, il fuyait pour sa vie. Quand Mère est morte, il ne pouvait plus fuir. Alors il acceptait son destin. Son corps ne lui appartenait déjà plus. Et ceci depuis longtemps. Je n'en sais pas plus, ce sont les mots qu'il m'a dits le dernier jour où je l'ai vu, et aujourd'hui, il est incapable de parler, de m'expliquer ce qu'il voulait dire par "mon corps ne m'appartenait plus". Mais je me souviens avoir passé ma vie entière à me demander ce que tu deviendrais, toi qui as vécu sans la grande présence de tes parents. Je ne pouvais pas m'occuper de toi à tout moment comme je l'aurais voulu. Je n'avais pas ces capacités, ni l'âge pour. Nous étions de la pure marchandise pour eux, passée de main en main pour voir si année après année, nous reconnaîtrions notre père après tout les changements qu'il avait subi. Il y avait eu un jour où tu m'avais demandé qui était cet homme devant nous. Tu ne le reconnaissais déjà plus. Je suppose que je ne peux pas t'en vouloir, tu étais encore très jeune quand tu as vu son vrai visage.

Je n'ai aucune idée de ce qu'ils lui font exactement. Mais depuis que j'ai reçu mon poste de médecin, ils m'ont autorisé à le voir et... Il m'a beaucoup demandé de tes nouvelles. Quelle belle jeune femme tu étais devenue, si tu étais malade, si tu avais un copain. Tu sais, ta réaction en le voyant la dernière fois lui a fait très mal. Il reste ton père Ji Ae, peu importe la forme de son visage dut aux réactions allergiques. Il t'aime même s'il ne peut plus le dire. J'ai reçu un message récemment, me disant que Père n'allait pas vivre plus longtemps qu'une semaine. Donc, dans quelques jours, il devrait rendre l'âme. J'aimerais que tu viennes avec moi pour le voir une dernière fois, dire à cet homme qu'il a fait de son mieux.

Ji Ae, il est venu à mes oreilles comme quoi ce que je t'apprends pour ton bien, pour ta survie si un jour, je ne peux pas être là pour toi, puisse être utilisé contre ton grès. Je te demande de te comporter en tant qu'adulte, de ne pas croire ce que tout le monde dit, et surtout de ne pas essayer la moindre chose qui puisse t'amener des problèmes. Je ne veux pas avoir à sacrifier mon dos à nouveau pour te sauver de n'importe quel problème dans lequel tu t'es fourré. N'oublie pas que nous ne sommes pas vu comme une bonne famille. Notre nom de famille crie la trahison pour New Life, il crie la malédiction. Pense à ton sang avant de faire la moindre chose. Je ne veux pas avoir à te retrouver sur ma table d'opération à nouveau.

Cette main, fais-y attention. Fais attention à toi en général. Prends soin de toi. N'oublie pas qui tu es.