Na Nam Su ▬ Broken Soul

Bon, je pense que je ne peux pas y couper …. Si ? Non… C’est bien ce qu’il me semblait. Cependant, je tiens à vous prévenir d’avance que ma vie est tout ce qui est de plus normal. Du moins avant que tous ceci n’arrive ….

Comme n’importe quel petit garçon je suis donc née d’un père coréen et d’une mère japonaise aimant un 18 février 2994, à Nagwon. La seule différence que j’ai peut-être avec votre famille, c’est que mon père et ma mère étaient de grand politicien très reconnu dans le monde entier.

Je sais ce que vous allez me dire, vous pensez certainement que naître dans une famille ancrée dans la politique est un enfer pour un enfant. Et je vous répondrais que vous avez probablement raison. Seulement, en naissant, j’ai eu la chance de déjà avoir un grand frère à mes côtés. Du coup, j’ai pu grandir naturellement sans trop de pression sur mes épaules.

D’accord, cette façon, de penser est certainement très égoïste, mais je ne peux pas non plus changer le passé. C’est mon frère qui a irrité du lourd fardeau de la famille et pas moi, je ne vais pas m’en plaindre tout de même ? D’autant plus que mon frère ne m’en a jamais voulu d’être né après lui. Attention, je ne dis pas non plus qu’il n’a jamais voulu être le plus jeune de la famille. Je veux simplement dire que très vite mon frère m’a fait comprendre que je n’avais pas à m’en vouloir pour ma position dans la famille.

Comme je vous l’ai donc déjà dit, j’ai pu grandir sans avoir d’horribles responsabilités. Cependant, il ne faut pas croire que ma vie était pour autant toute rose. Vous devez certainement le savoir, quand on naît dans une famille de haut rang, on se doit d’avoir un certain prestige dans le moindre de nos mots et de nos gestes. Tout comme mon frère, je n’ai donc pas échappé au cours de bonne manière, de langage et j’en passe… Bon après je n’en suis pas mort, mais c’est ce qui me donne encore actuellement cet air hautain et supérieur que beaucoup de personnes me reprochent.

Pour le reste de mon enfance, je n’ai pas grande chose à vous confier d’autre, hormis le fait que non, je n’ai pas eu de cours à domicile. Sérieusement, tous les enfants de riches ne sont pas cloîtrés chez eux à tout prix, vous savez ? J’étais même un petit garçon plutôt sociable qui se faisait assez facilement des amis, si vous voulez tous savoir. Et comme toute enfant j’avais même une passion dévorante qui me prenait tout mon temps libre. Certain avec le foot, d’autres la musique et moi, j’avais la danse. Je sais que beaucoup de personne vont trouver ça bizarre, comment peut-on avoir un passe-temps favori alors que l’on n’a même pas cinq ans ? Et bien croyez-le ou non, mais déjà bébé, c’était comme une évidence pour moi. Je ne vous raconte pas le nombre de vidéos que ma mère à tourner de moi, alors que je tenais à peine debout, dansant devant des clips vidéo passant à la tv. Aussi, loin, que remontent mes souvenirs, j’ai réellement toujours aimé ça, du coup dès que j’ai eu l’âge, mes parents m’ont inscrit dans des cours de baby danse. Objectif, devenir un jour un danseur de grande renommée pour coller au nom de notre famille.

Bon, je vous l’accorde, grâce à la fortune de ma famille, j’ai pu me permettre d’avoir les meilleurs professeurs qui existaient. C’est d’ailleurs grâce à eux que j’ai très vite gravi les échelons de la renommée. Bon, il ne faut tout de même pas oublier mes parents qui sans leur accord et leur soutient m’aurait très certainement enfermé dans ma chambre. Par chance, il voyait en mon talent, un nouveau moyen de se faire un nom et de gagner de l’argent. J’ai donc grandi entre mes cours de danse intensifs et mes futur cours obligatoires d’économie et de politique quand je serais plus âgé. J’étais vraiment destinée à devenir un grand danseur et apparemment un grand politicien si seulement du jour ou lendemain tout n’avait pas commencé à partir en vrille ….

En effet, alors que mon cinquième anniversaire avait sonné, mes parents décidèrent pour l’occasion de faire une sortie en famille. Étant très jeune, je n’avais pas compris qu’en plus de nous faire plaisir à moi et à mon frère c’était surtout un moyen pour eux de se changer les esprits. D’évacuer le stress et le danger qui planait sur notre famille Army.

Je me souviens encore de la joie dans le regard de mon ainé lorsqu’on nous avait annoncées qu’on allait au zoo. Depuis plusieurs mois déjà, nous ne faisions plus aucune sortie en famille, alors forcément pour nous, c’était comme nous annoncer que Noël était enfin arrivé. Durant tout le trajet, nous avons ris, chanter ensemble, démontrer nos amours les uns pour les autres. Seulement, si nos parents avaient refusé de sortir jusque-là, c’était pour une bonne raison, et cette raison ne tarda pas à nous rappeler sa présence en percutant violemment notre voiture. Le choc fut tellement violant, que je n’ai recouvert mes esprits que de longues minutes après l’impact. Je me souviens encore de mon corps contorsionné dans une position atroce, tandis que mes jambes me faisaient souffrir le martyre.

À cet instant j’étais comme mort. Il m’était impossible de bouger ou bien encore même de crier. Mon cerveau se remit seulement en marche à l’instant même où j’avais senti le sang de mon frère couler sur moi. Mon regard horrifié s’était alors posé sur ses prunelles tandis qu’il m’ordonnait de sortir de la voiture. Je me souviens alors, lui avoir dit que je ne voulais pas l’abandonner.

-« Ne t’inquiète pas, je te suis », c’est la dernière chose qu’il m’a dit avant de sombrer dans l’inconscience, tandis que je tentais de m’extirper de la voiture.

Après ça, je ne sais pas comment je suis arrivée à sortir de la voiture avec mes jambes en morceaux. La seule chose dont je me souviens, c’est qu’à mon réveil, j’étais dans un hôpital.

Le médecin m’a alors raconté que mes jambes avaient subi de lourds dégâts. Certains dommages étaient même irrécupérables, puisqu’il m’avait annoncé à ce moment-là sans aucune forme de ménagement que je ne pourrais très certainement plus jamais marcher.

Peu de temps après, j’ai également appris que mon père et ma mère avait été tué dans l’accident. Tout naturellement, j’avais alors demandé des nouvelles de mon frère, mais personne n’avait entendu parler de lui. Pire encore, le médecin m’avait même certifié qu’il était très probablement mort comme le reste de ma famille.

À cet instant, tout mon monde s’était écroulé. Je n’avais plus rien. Plus d’argent, plus de maisons, plus d’identité, plus de jambes, plus de mères, plus de pères et ….. Plus de frère… L’espoir que j’avais de le retrouver en vie venait de se briser en mille morceaux …. Et avec cet espoir, le jeune garçon que j’avais pu être s’était totalement envolé.

Après ça, mes souvenirs sont assez flous, ma mémoire ayant occulté une grande partie du début de ma nouvelle vie. Je sais que je suis resté de longs mois à l’hôpital à faire de la rééducation, pour retrouver un minimum de mes capacités à marcher. Après ça, comme je n’avais plus de famille et bien, on m’a envoyé à l’orphelinat, dès que j’ai su me tenir debout tout seul. Je sais que bon nombre d’enfants auraient pu être traumatisé par ce changement brutal de vie, mais pas moi. Honnêtement, depuis l’accident, plus rien n’avait d’importance. Plus d’espoir, plus de but dans ma vie, et même plus d’envie de continuer à vivre, c’est ce qui faisait de moi l’enfant que j’étais devenu, complètement mort de l’extérieur, restant dans un coin sans bouger pendant de nombreuses heures dans cette horrible demeure remplis d’enfant sans famille.

Rien n’aurait pu me faire bouger, rien excepter le visage de cette petite fille sourde et muette. Je trouvais que la vie avait été horrible avec moi, mais elle l’avait été encore plus avec elle. Comme si cela ne suffisait d’ailleurs pas, elle prenait un malin plaisir à s’acharner sur cette pauvre petite Mi Ran en envoyant des petites filles tout droit sorti des entrailles de Satan. C’était injuste, pourquoi devait-on s’en prendre aux gens comme elle qui avait perdu bien plus qu’une famille ? C’est soudain là, que prit d’un sursaut de vie, mes jambes meurtries se remirent en route, me faisant bouger en direction de ces petites filles. La vie avait le droit de s’acharner sur moi, mais pas sur Mi Ran. C’était hors de question, elle avait déjà perdu bien trop dans sa vie. Depuis ce jour, je n’ai eu alors de cesse de la protéger du mieux que je pouvais contre vents et marrées, jusqu’à ce que la vie décide de nous séparer par des adoptions.

Et oui, visiblement, notre avenir n’était pas de grandir ici à tout jamais, puisque c’est finalement à l’âge de mes sept ans, qu’un oncle, riche lui aussi, sorti tout droit de nulle part décida de me prendre sous son aile. Apparemment, il était en voyage d’affaires durant ses deux ans où j’ai moisi ici et comme il était en conflit avec mes parents, il a longtemps hésité avant de faire de moi sa nouvelle famille. Du moins, c’est ce qu’il m’a raconté et je n’ai jamais cherché à en savoir plus. J’aurais peut-être dû, c’est vrai, mais à l’époque, je ne voyais en cet homme qu’un libérateur.

Après cela, il me fallut un long moment avant de me forcer à reprendre vie. Pendant des mois et des mois, j’avais refusé de manger, restant cloîtré dans ce qui me servait à présent de chambre. Jusqu’à ce qu’un jour mon nouveau père, décide de me raconter la vérité sur l’accident. Enfin du moins … sa vérité … Ce jour-là, il me confia alors la bataille silencieuse qui avait lieu dans les rues de notre ville. Il me raconta aussi que mes parents étaient de fervent défenseur de la société New Life Corp et qu’à cause de leur pouvoir en politique, il avait été tué, par un groupe appelé Army. Bien sûr, la vérité était tout autre, car si mes parents avaient bien été tués pour leur pouvoir en politique, c’est uniquement parce qu’ils s’acharnaient à détruire cette société mère et non l’inverse, mais ça je n’en ai jamais rien su, et je n’en saurais d’ailleurs probablement jamais rien. A partir de ce jour-là, peut m’importait de savoir qui avait raison ou tort dans cette stupide guerre. Mon oncle m’avait demandé de l’aider à venger la mort de sa sœur et c’est bien ce que je comptais faire. Peu à peu, j’ai donc repris vie en intégrant, à l’aide de mon oncle, le groupe opposé aux Army à savoir les Chaineups.

Cependant, ne penser pas pour autant que j’aie retrouvé goût à la vie, car si j’ai trouvé un but pour avancer, mon âme, elle, est resté belle et bien morte. C’est d’ailleurs ça qui a permis à mon oncle de me manipuler si facilement et de faire de moi, la parfaite petite marionnette de New Life Corp. Exécutant le moindre des ordres, sans me poser de question, je suis rapidement devenu le parfait petit toutou, n’ayant pas peur de perdre la vie, pour détruire tous les rebelles, sans se poser de question.

Aujourd’hui, j’essaye tant bien que mal d’avancer dans ce nouveau monde. Grâce à l’opération que mon oncle m’a offerte, j’ai réussi à retrouver l’usage de mes jambes à 99 %. Les 1% qui manquent étant restés dans la voiture avec tous mes espoirs d’un jour devenir un grand danseur. Car, même si cette haute technologie me permet effectivement de pouvoir vivre à nouveau comme avant, l’image du visage souriant de ma mère me voyant danser, me bloque complètement dans mon envie de reprendre la danse. Et pourtant, dieu sait que j’aime toujours autant ça. Je n’ai simplement pas la force de devenir ce grand danseur, dont mes parents rêvaient tant. À quoi bon de toute façon, puisqu’ils ne sont plus là pour me voir.

En façade, je suis le parfait garçon d’une famille de riche, étudiant la médecine comme son oncle le lui a gentiment suggérer. Seulement, puisque mon nouveau père n’est jamais là pour moi, cela ne m’empêche pas derrière son dos de tenter désespérément de me sentir vivant le plus possible. C’est sans doute pour ça que j’ai fini par devenir Escort-boy alors que je n’ai même pas besoin d’argent. C’est aussi pour ça que, malgré moi, je flirte bien trop souvent avec le danger. Il suffit d’ailleurs de voir mon petit copain actuel pour le comprendre rapidement. Possessif, violent, il n’y a clairement rien de bon dans notre relation, surtout qu’on ne s’aime même pas vraiment. Mais que voulez-vous, j’ai pris pour habitude d’être avec lui, et même s’il ne me fait pas ressentir de l’amour, c’est tout un tas d’autres sentiments bien plus douloureux qu’il me fait ressentir. Me prouvant que je suis bien vivant, pendant l’espace de quelques heures.